l’expérience du point de rencontre

Issu d’une correspondance de 86 pages, réalisée entre janvier 2014 et septembre 2015 par Gilbert Descossy et Damien Reynaud, ce document synthétise les principes conceptuels de la création d’une expérience du Point de rencontre pour fabriquer une Pièce manquante. C’est à la suite de cette correspondance que l’Acte 1 a donné lieu à la sculpture sociale du Bureau mobile du Point de rencontre.

L’hypothèse :

  • Le Point de rencontre fait l’objet d’une hypothèse, comme quoi il est possible de faire se retrouver des acteurs autour d’un point de focalisation, afin de fabriquer un objet esthétique.
  • L’hypothèse du Point de rencontre repose sur des questions, des sujets, des images, des problèmes, des objectifs, des idées, des manques ou des besoins de chacun, dont la liste dresse le paysage de départ d’une situation commune.
  • Cette hypothèse fait l’objet d’une expérience ponctuelle définie par un groupe de personnes engagées pendant un temps donné, en un ou plusieurs lieux, dans un projet de création artistique partagée.

L’expérience :

  • L’expérience est déterminée par les paramètres d’une situation d’échanges entre des acteurs autour de questions, d’objectifs ou de problématiques communes, pour produire un objet artistique.
  • L’expérience peut se définir par rapport à des critères géographiques, sociaux, politiques, psychologiques, esthétiques, fonctionnels, artistiques, économiques…
  • L’expérience se déroule en fonction des sujets humains et des choses qui la composent dans une durée déterminée, en un ou plusieurs lieux spécifiques, avec des moyens économiques disponibles.
  • Selon les différentes contraintes et les objectifs retenus, l’expérience doit aboutir à une forme concrète (physique, visible, ressentie, utile ou non, texte, concept…) intitulée « Acte n°X, Pièce manquante n°X ».

Les acteurs :

  • Chaque expérience du Point de rencontre se déroule avec des acteurs intéressés par l’hypothèse énoncée initialement lors de la situation.
  • Les personnes concernées cherchent à mettre en œuvre les conditions de possibilité du Point de rencontre et de l’Acte collectif aboutissant à la Pièce manquante.
  • Les personnes peuvent être d’horizons divers (public, art, commerce, politique, sciences, enseignement, industrie…), et/ou représenter des structures officielles (associations, institutions, entreprises, collectifs, coopératives, publiques, privées…).
  • Que ce soit en tant que public ou individualité particulière, les personnes se sentent concernées pour venir participer à une création concrète sous un label commun.
  • En participant, chaque acteur est co-auteur de l’œuvre actée.

Le lieu :

  • Chaque expérience définit un Point de rencontre en tant que lieu de chantier. Il n’existe pas de lieu fixe et chaque situation peut s’inscrire n’importe où pour que l’expérience s’y déroule.
  • Plusieurs lieux peuvent être concernés en même temps et comprendre des espaces dématérialisés ou à distance.
  • L’expérience d’un Point de rencontre renvoie à toute forme possible d’occupation et de détournement des territoires. Chaque lieu d’intervention pourra donner l’occasion de monter un bureau provisoire (le Bureau mobile) et une permanence du Point de rencontre, avec exposition des outils de travail et des archives (les carnets des Actes).

L’objet :

  • L’objet du Point de rencontre peut être de plusieurs ordres de production en même temps.
  • L’objet peut revêtir deux concepts différents, d’une part il contient au moins une idée et d’autre part il aboutit à la construction d’une chose matérielle inconnue, c’est à dire une Pièce manquante, qui peut aussi être une publication.
  • Ainsi, la chose fait l’objet d’une préfiguration en amont par les personnes concertées (idée, thème, référence, question, objectif, parti-pris), dans un champ spécifique ou transversal.
  • L’objet constitue l’intrigue du scénario de la rencontre et c’est autour de lui que s’organisent les éléments qui porteront la narration et la production de son résultat.

La durée :

  • Chaque situation s’inscrit dans une temporalité disponible, possible ou nécessaire à l’aboutissement de l’ouvrage.
  • La durée du processus créatif est clairement établie à partir des possibilités, des contraintes et des moyens économiques du groupe.

Les moyens :

  • Il n’existe pas de moyens pré-établis et la compagnie du Point de rencontre cherche à développer idéalement sa propre économie autonome.
  • Avec la durée impartie, les moyens sont les contraintes incontournables qui vont agir sur la conception et la création d’un truc.
  • La dimension des moyens de création sera partie prenante de la définition des idées pour concevoir l’objet.
  • Des moyens particuliers, entre autres financiers, peuvent être apportés par des structures associées, à condition qu’elles soient représentées par au moins un acteur participant réellement et physiquement au projet du Point de rencontre.

La trace :

  • L’expérience du Point de rencontre se déroule comme une pièce de théâtre total ou réel, en interactivité directe entre les acteurs, déroulant ainsi son propre scénario au fur et à mesure.
  • Chaque expérience fait l’objet d’un enregistrement et d’un archivage des traces constitutives de ses modalités de déroulement et de son scénario (texte, enregistrement, courrier, son, vidéo, photographie, dessin, plan, maquette…).
  • L’expérience du point de rencontre donne lieu à une édition documentant son scénario, son objet, ses dates, son lieu, ses acteurs, ses modalités et son résultat.
  • La compagnie du Point de rencontre se dote donc d’un outil d’édition.

Propriété :

  • Chaque expérience est une œuvre signée par ses acteurs.
  • Quelle que soit la forme de son objet, l’expérience est propriété de l’ensemble des auteurs ayant partagé les moyens de production et ses actes de création. Les bénéfices éventuels, immédiats ou différés sont partagés entre eux.

Point de rencontre n°1 France-Portugal, Acte 1 Pièce manquante n°1, le Bureau mobile du Point de rencontre, novembre 2015.

Voir ici : le Bureau mobile du point de rencontre, le bouquet de tulipes de l’inventaire des points de rencontre, les tabourets précaires.